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Voyages en France mais aussi et surtout ailleurs, loin.

L'hébergement web passe au courant vert

En France, au Royaume-Uni, en Australie, des hébergeurs internet affichent désormais la couleur de leur consommation électrique. Verte, car issue d'énergies renouvelables. L'un d'eux, en Californie, fonctionne même intégralement à l'énergie solaire. Peut-on rester compétitif dans ces conditions ? Véritable argument commercial, la démarche s'insère aussi dans une stratégie anti-gaspi, raisonnée et pérenne. Entre virtualisation et basse consommation.

L'hébergement web passe au courant vert

Avec monsiteestvert.fr, lancé fin novembre 2007, l'hébergeur web Ikoula affiche son engagement et ses actions en faveur de l'environnement. Par nature, l'infrastructure d'un centre de données est particulièrement énergivore, avec une facture énergétique calculée par exemple à 3,2 kWh par jour et par serveur. Cinq fois plus qu'un congélateur. Ce «défi écologique», la PME française a décidé d'y faire face. En attendant d'installer des panneaux solaires ou une éventuelle pile à combustible dans son propre centre serveur, Ikoula a choisi de couvrir au moins 20% de ses besoins électriques par une électricité propre, sous la forme de certificats Equilibre délivrés par EDF. Une première dans l'Hexagone et la garantie pour Ikoula qu'une partie de sa consommation électrique ne dégagera pas de gaz carbonique.

Hors de France, la conversion des hébergeurs à l'électricité verte -un mouvement appelé «Green hosting»- va croissante, dopée par le développement du marché. «Cette année, plus de 40 millions de nouveaux sites personnels ou d'affaires vont venir s'ajouter à l'Internet. Si seulement 1 million de ces sites web pouvait opter pour un hébergement «vert», cela reviendrait à planter 240 000 arbres,» plaide ainsi Mike Corrales, fondateur de Greenest Host. Un nouvel acteur du web américain lancé durant l'été 2007 et adossé à AISO, Affordable Internet Services Online. Figure historique du web socialement responsable, AISO est aussi le propriétaire, à 200km à l'Est de Los Angeles, du premier "datacenter" intégralement alimenté à l'énergie solaire.

Agréé USGBC ?

Le bâtiment, en tôle ondulée et d'une surface d'un peu moins de 200 m², est entouré par 2 rampes photovoltaïques. 120 panneaux orientés plein Sud et capables de fournir 60kWh par jour. Une série de batteries stocke le courant produit en journée et alimente l'infrastructure durant la nuit. Seule concession : le générateur de secours, au propane. D'autres innovations, issues de l'habitat passif ou de l'informatique basse consommation, permettent l'autonomie de cette installation exemplaire, aujourd'hui l'unique data center accrédité par l'U.S. Green Building Council (USGBC). L'isolation intérieure, épaisse de 30cm de cellulose, assure l'inertie thermique du bâtiment, conservant l'air intérieur à des températures souvent 20° plus basses qu'au dehors. Le refroidissement, limité à 10 mn par heure, intègre un système de ventilation passif. 7 puits de lumière disséminés sous la toiture évitent le jour le recours à l'éclairage électrique. Coût total de l'investissement : 100 000$. Et une facture électrique mensuelle de 3 000$ tombée à... 0. Prochaine étape : un toit végétalisé d'une dizaine de centimètres, afin de diminuer encore de 50% les besoins en climatisation. Et le passage aux diodes, en remplacement des ampoules fluo-compactes déjà présentes.

La virtualisation constitue un autre facteur-clé de la quête de la basse consommation. «Chacun de mes vieux serveurs consommait 400 Watts. Les nouveaux en consomment 625, mais un seul d'entre eux me permet de remplacer 30 anciens modèles,» décrit l'un des cofondateurs de AISO. Les études faites à travers le monde montrent qu'en moyenne les puissances de calcul des serveurs ne sont utilisées qu'à environ 10 à 20 % de leur capacité. «En augmentant la charge, à 70 ou 80% , la virtualisation permet de consolider ces ressources en faisant tourner plusieurs serveurs virtuels sur un seul serveur physique, explique Arnaud Tayac, directeur associé chez Ikoula. Ce qui entraine par là une moindre consommation électrique.»

Différenciation

Depuis son ouverture en 2002, le centre Aiso est devenu le partenaire incontournable de différentes sociétés. Telles que Greenest Host, en Californie. Ou l'hébergeur britannique Green ISP, qui projette également d'ouvrir au Portugal un "datacenter" 100 % énergies renouvelables, le premier en Europe. Ikoula aussi envisage la pose de panneaux solaires sur son propre centre de données, acheté près de Reims. Sans certitude sur la capacité réelle de production, l'électricité produite alimentera dans un premier temps les bureaux, pas les serveurs. «Mais à priori, si nous devons acquérir un deuxième centre de données, précise Arnaud Tayac, nous le ferons construire en incluant toutes les nouvelles technologies de "Green hosting"». La mise au vert des centres de données répond de fait à plusieurs enjeux. « La consommation d'énergie est pour nous, dans notre compte d'exploitation ou nos plans d'investissement, une problématique quotidienne, explique le directeur associé d'Ikoula. Vouloir moins consommer est une forme de pérennité. Les datas centers actuels, construits il y a 5 ou 10 ans, arrivent à saturation. Simplement parce qu'ils n'ont plus la capacité d'énergie nécessaire de fournir les machines ou de les refroidir.»

Le choix de passer à une énergie propre s'inscrit dans une stratégie globale, poursuit Arnaud Tayac. «Cela ne rapporte rien d'un point de vue économique, le kWh est même légérement plus cher, ni d'un point de vue puissance. Les seuls gains sont humains, internes, par la satisfaction de mettre en oeuvre des valeurs partagées par l'équipe. Et d'ordre marketing, en terme d'image et de notoriété. Aujourd'hui, le consommateur n'est pas prêt à payer un surcoût pour avoir de l'éco-technologie. En revanche, à offre équivalente, il préfèrera une solution verte.».

Maxence Layet

Novethic.fr

Vendredi 4 janvier 2008

 

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