Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Voyages en France mais aussi et surtout ailleurs, loin.

Thaïlande : Violations des droits de l'homme : Thaksin en accusation

Le gouvernement met en place une commission pour enquêter sur les violations des droits de l'homme commises lors de la guerre contre la drogue et dans le Sud. Une manière supplémentaire de remettre en cause l'ère Thaksin.

Le Premier ministre Surayud Chulanont a décidé de porter devant la justice les violations des droits de l'homme et les exécutions sommaires commises sous le gouvernement Thaksin Shinawatra. Surayud a demandé au ministère de la Justice de mettre en place une commission spéciale chargée d'engager les poursuites judiciaires, en réponse aux nombreuses voix qui dénoncent les délits et crimes perpétrés entre 2001 et 2006.

En 2003, le gouvernement avait lancé une campagne de lutte contre la production, le trafic et la consommation de stupéfiants, au cours de laquelle de nombreuses personnes ont été arrêtées et tuées. Lorsque Thaksin a annoncé la "guerre contre la drogue", il a fait cette déclaration devenue célèbre : "Le trafic de drogue est impitoyable à l'égard de nos enfants, alors y répondre de manière impitoyable n'est pas une mauvaise chose. Des pertes pourraient s'avérer inévitables. S'il y a des morts chez les trafiquants, c'est normal". La campagne antidrogue s'est déroulée en deux phases. La première, qui a duré plus de trois mois, a débuté en février 2003. Elle a abouti à des poursuites contre plusieurs milliers de suspects, et jusqu'à 2 500 personnes ont été tuées. Le gouvernement Thaksin avait alors brandi ces résultats comme preuve de sa détermination à éradiquer le trafic de drogue. La seconde phase a débuté à la fin de novembre 2003 et s'est terminée début 2004 sans que les médias s'y soient beaucoup intéressés. Au total, la campagne a fait plusieurs milliers de victimes. Selon une enquête menée par The Nation, jusqu'à 5 000 personnes auraient été tuées durant la seconde phase, mais ce chiffre n'a jamais été rendu public de crainte de susciter de nouveau un tollé dans la presse internationale comme lors de la première phase.

A la même période, la situation politique dans les trois provinces à majorité musulmane du sud du pays, Yala, Narathiwat et Pattani, s'est rapidement détériorée à la suite de l'attaque contre un poste militaire, en janvier 2004. Depuis, la violence n'a pas faibli. La commission se penchera sur les incidents de Tak Bai et de la mosquée de Krue Se. Soixante-dix-sept musulmans ont trouvé la mort à Tak Bai en octobre 2004 [Ils avaient été étouffés dans des containers lors de leur transfert vers un centre de détention]. L'enquête se concentrera sur cette affaire en raison des preuves accablantes qui existent contre les dirigeants de l'époque.

La commission sera composée de fonctionnaires et d'experts indépendants. Ils devront mener des enquêtes sur les personnes "disparues" et les exécutions ayant eu lieu sous les deux gouvernements Thaksin.

La création de la commission constitue la dernière initiative en date du gouvernement en vue de restaurer l'image de la Thaïlande comme pays respectueux des droits de l'homme et de ses engagements internationaux. L'enquête judiciaire vise à traduire les assassins devant les tribunaux nationaux. Mais, depuis le coup d'Etat, les juristes ont suggéré que les coupables soient jugés devant une instance internationale. Encore faudrait-il que le pays ratifie le traité instituant la Cour pénale internationale, qu'il a signé en 2000. A l'époque, le gouvernement Thaksin avait reporté sine die la ratification.

Article paru dans Courrier International le 08 mars 2007.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article